🎙️ Interview de Virginie SCHMITT – Coach M13 élite – PESD Volley
🟡 Introduction
Virginie fait partie de ces figures du club qui marquent les esprits par leur engagement, leur exigence et leur sens de la transmission. Ancienne joueuse de N3 et N2, elle a choisi de revenir à la PESD pour former les plus jeunes, avec une conviction forte : poser des bases solides et faire grandir les enfants dans un cadre structurant et bienveillant.
Dans cette interview, elle revient sur son parcours, sa philosophie d’entraînement, la dynamique de son groupe M13, et son regard sur la place des femmes dans le sport.
"Moi, quand je suis arrivée, c'était un club familial avec M. René Baillieu et ses filles, qui étaient là, et vraiment, je m'y suis tout de suite sentie bien accueillie."
👤 Pour mieux te connaître
• Peux-tu te présenter en quelques mots : ton parcours, ton rôle au sein du club ?
À l'âge de 18 ans, je suis arrivée à la PESD. Je sortais du club formateur de Lyon Francheville qui évoluait en pro. Je suis venue pour prendre ma place en tant que passeuse dans une équipe de jeunes joueuses, on avait toutes entre 18 et 20 ans. J’ai joué pendant presque 15 ans entre la N3 et la N2. En parallèle, j’étais en études STAPS et j’ai commencé à m’intéresser à l’entraînement, notamment à la formation des jeunes joueurs. À 30 ans, j’ai arrêté ma carrière, j’ai entraîné en N3, puis j’ai fait une pause pour mes enfants. Je suis revenue plus tard, parce que j’avais toujours dit que je voulais rendre ce que la PESD m’avait donné.
• Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir coach, et pourquoi auprès des jeunes ?
Je faisais une formation en STAPS, donc on faisait des stages. Et puis j’ai été baignée là-dedans : mon père était DTN, mon grand-père était entraîneur de l’équipe de France militaire, mon frère joue en pro… J’ai toujours été dans le volley et dans l’entraînement. J’ai commencé à entraîner à 17 ans.
• Depuis combien de temps es-tu au club PESD Volley, et qu’est-ce qui t’attache à cette structure ?

Depuis mes 18 ans… j’en ai 54. ça fait donc 36 ans ! Quand je suis arrivée, c’était un club familial avec M. Baillieu et ses filles. Je m’y suis tout de suite sentie bien accueillie. L’associatif m’a permis de construire un réseau, d’avoir mon premier logement, mes premiers jobs. J’ai été entraîneur, puis salariée du club à 20 ans, responsable de toute la section féminine. C’était une ambiance où on prenait soin les uns des autres.
• Quelle est ta philosophie d’entraînement avec les M13 ?
Même si j’ai les niveaux pour entraîner jusqu’en N2, ce qui m’intéresse, c’est la formation. Un club comme la PESD a besoin de ses propres joueurs. L’esprit associatif, c’est de vivre ensemble, se connaître du plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte. Je préfère mettre mes compétences sur le jeune joueur.
• Comment décrirais-tu ton style de coaching : plutôt bienveillant, structurant, ludique… ?
La technique, vraiment les bases techniques. Quand les gamins sortent de chez moi, ils sont prêts : réceptions, passes à dix doigts, service en zone. C’est un bagage technique qui leur permet d’aller au niveau supérieur. Si tu loupes ces étapes-là, tu ne les rattrapes pas. C’est comme apprendre à lire et à écrire.
• Y a-t-il une anecdote ou un souvenir marquant dans ton parcours de coach que tu aimerais partager ?
En revenant à la PESD, je me suis retrouvée à entraîner les enfants des joueuses que j’avais formé lorsqu’elles étaient enfant : comme Delphine la maman d’Hippolyte, Stan, Mais aussi Sandra, aujourd’hui, elle a ses enfants dans le volley et elle a pris la présidence du club. C’est une fierté. On lui a transmis quelque chose. C’est ça, l’associatif.
🏐 Sur l’équipe M13 cette saison
"Moi, mes équipes, tant que la balle n'est pas tombée, je joue. C'est ce que je leur influe également dans le jeu."
• Comment décrirais-tu ton groupe M13 cette année ?
On repart sur un groupe très jeune. Le groupe fort de l’an dernier est passé en M15. J’ai intégré cinq M11 pour faciliter la transition. En M11, on joue à deux, en M13 on joue à quatre, avec du niveau : P4, passe arrière… Je veux qu’ils prennent en compétence rapidement et qu’ils jouent beaucoup.
• Quelles sont les qualités principales de l’équipe, sur le terrain et en dehors ?
Le collectif. Tant que la balle n’est pas tombée, on joue. C’est ce que je leur transmets. Ce week-end à Francheville, mon ancien prof de STAPS m’a dit : “Malgré la défaite, tes gamines sont incroyablement mobiles.” Ce que je veux, c’est la base technique et l’envie de jouer. On ne lâche rien.

• Comment se passe la dynamique entre les jeunes ? Y a-t-il déjà des personnalités qui se démarquent ?
Oui, Lilou. Elle a commencé l’année dernière, elle respire le volley. Elle a des qualités physiques énormes, mais elle n’en a pas encore conscience. Elle est en stage élite au comité du Rhône. J’ai aussi deux joueurs de 10 ans avec des gros potentiels,
• Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés cette saison ?
Pas spécialement. Cette année, j’ai des garçons et des filles. Le but, c’est d’évoluer tout au long de l’année.
• Si tu devais résumer ton équipe en trois mots ?
Jeune joueur, motivation, amélioration de la technique.
🧑🤝🧑 Sur le staff et la collaboration
• Travailles-tu avec d’autres coachs ou bénévoles ?
Je travaille avec Mathilde en duo. On est deux pour 14 gamins. Ça joue à quatre. On a trois entraînements par semaine, dont un de trois heures le mercredi. C’est rare, mais pour faire progresser les gamins, c’est top.
💬 Coulisses et esprit du club
• Quelle est l’ambiance générale au sein du club PESD Volley ?
Avant, c’était très familial. Maintenant, on est dans autre chose, mais qui me plaît bien aussi. Beaucoup d’anciens sont revenus. Il y a un bon esprit d’équipe, de l’échange et du respect entre tous, que ce soit en N2 ou chez les petits. C’est hyper agréable.
• En quoi le club soutient-il ton équipe ?
Quand je suis revenue, j’ai travaillé avec les garçons de la Régional 2, mais ça ne m’intéressait pas. Moi, je voulais les petits. On m’a donné carte blanche. Aujourd’hui, on a 28 enfants en dessous de 10 ans, ce qui n’était jamais arrivé à la PESD. Oui, j’ai le soutien complet.
• Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait d’entraîner ici ?
On a une envie commune : formation et performance. On n’a pas la possibilité de faire autrement, car on manque de créneaux Avec deux équipes en N3 et N2, on fait de la performance. A la PESD, tous les coachs sont diplômés et les nouveaux sont envoyés en formation. La formation est fiancée par le club. On fait du bon travail.
👀 Focus sur les jeunes
• Y a-t-il un jeune joueur ou une progression qui t’a particulièrement marquée ?
Pas encore, ça ne fait que deux ans que je suis sur cette équipe. Mais j’ai deux gamins partis en M15, Samuel et Lucas, qui sont les devenirs du club. Sur les petits, j’ai Léon, 10 ans, qui taquine le ballon, c’est impressionnant.
• Comment travailles-tu avec les enfants pour développer leurs points forts ?
Avec les petits, on travaille beaucoup la répétition, les gammes, la rigueur. Je demande beaucoup de rigueur. Les enfants savent que c’est cadré. C’est aussi un partenariat avec les parents. On fait des apéros, on se voit presque tous les week-ends. Il faut un groupe de parents solidaire.
• Une anecdote sympa ou un moment de cohésion ?
Avec les parents, on fait des apéros dînatoires. C’est devenu des copains. Il se crée un réseau, y compris dans le job. C’est vraiment l’esprit associatif.

👩🎓 Place des femmes dans le sport et formation des jeunes filles
• Quelle est la place des femmes dans le sport aujourd’hui ?
Elle doit être la même que celle des hommes. On a les mêmes diplômes, que ce soit pour entraîner des filles ou des garçons. Aujourd’hui, c’est plus simple qu’à mes débuts : il y a davantage de femmes dans l’encadrement, et on peut accéder aux mêmes niveaux.
• As-tu rencontré des freins ou des stéréotypes en tant que coach femme ?
Oui, bien sûr. Des remarques comme “elle a ses règles”, “pourquoi elle est énervée”, ou des gens qui refusaient carrément de te parler. À l’époque, entraîner des garçons, même jeunes, c’était compliqué. Aujourd’hui, c’est devenu plus facile.
• Penses-tu que les jeunes filles abordent le sport différemment des garçons ?
Non, je pense que ce sont les parents qui l’abordent différemment. Au volley, jusqu’à 13 ans, l’activité est en mixité, et ça se passe très bien. Mais certains parents sont plus inquiets, et notre rôle, c’est aussi de les rassurer.
• La formation des filles est-elle identique à celle des garçons selon toi ? Qu’est-ce qui pourrait être adapté ou renforcé ?
Je coach les deux, et j’ai une mixité dans mon groupe. L’entraînement est le même. Les filles développent certaines compétences plus tôt, comme le service, mais sont parfois moins fortes à l’attaque. Ce sont des constats, mais la base reste identique.
• Quel message aimerais-tu transmettre aux jeunes filles qui débutent le volley ?
Le volley est un sport sans contact, ce qui peut rassurer certaines filles. La mixité est une richesse : apprendre à se connaître, à se reconnaître, c’est essentiel. Je mixe toujours les groupes, même à l’entraînement, pour qu’ils apprennent à accepter les différences.
• Qu’est-ce que tu aimerais voir évoluer dans le sport pour les femmes, dans les années à venir ?
La médiatisation, d’abord : avoir autant de temps d’antenne que les hommes. Et dans les sports où il y a de l’argent, avoir les mêmes salaires. Il y a encore une grosse discrimination. Même moi, je le ressens : ce week-end, j’étais plus attirée par le match N2 garçons que celui des filles. Il y a encore trop de différence de niveau, et ça joue sur l’intérêt du public.
✅ Un mot pour la fin ?
Virginie incarne une vision du sport à la fois exigeante et profondément humaine. À travers son parcours, ses méthodes et son engagement auprès des jeunes, elle contribue à faire vivre les valeurs du club : transmission, rigueur, et esprit collectif.
Son regard sur la formation, la mixité et la place des femmes dans le sport enrichit le débat et inspire les générations à venir.
Un grand merci à elle pour son investissement et pour ce témoignage authentique.



